lundi 10 septembre 2012

MAMIE du DESERT, MAMIE des AIRS...


 
LE GRAND SAUT du LIBRE,


« Personne ne sait de quoi demain sera fait...
   N'oubliez jamais, n'attendez plus...
   REALISEZ VOS REVES !!!


Et, en ce 28 juillet 2012, entourée de tous les miens, mes amours d'enfants et de petits enfants, et de Joh bien sûr, qui pour moi a passé la journée sur le tarmac, avec Joséphine accrochée à ses seins !, (manquait mon Swanny...) accompagnée,soutenue par mes amis de toujours, d'hier et d'aujourd'hui,  j'ai réalisé ce rêve, stocké depuis plus d'un demi siècle, dans un des tiroirs de ma mémoire.



Dorothée, Laurent, Darjela, Dominique

ET l'ami de toujours, JEAN, était aussi de la partie, ce qui lui valut au retour, un torticolis carabiné... Ah, il s'en souviendra, lui aussi...de cette journée étonnante, lui qui, dans ses rêves les plus fous, se voit aux commandes d' avions et de soucoupes volantes, ou bien, vole à côté des pilotes...



Et c'est à LAPALISSE (Allier) berceau de ma famille maternelle, au Centre Ecole Parachutiste, premier centre professionnel français entièrement dédié à la chute libre, que s'est effectué ce salto du vide, ce saut du libre, ce roulé-boulé-tombé de plus de 4000 mètres d'altitude.

Choyée, protégée, cajolée par une équipe de choc d'une éblouissante douceur et d'une infinie tendresse, ces pros de la chute libre, des milliers de sauts à leur actif, ces vrais humains ne m'ont pas lâchée et m'ont permis une fois de plus, de me dépasser, d'exorciser mes peurs, de transcender mes deuils...
Des cadeaux somptueux et inattendus ont jalonné cette journée mémorable, tout cela grâce à CLAUDE DAVIET , à la voix si douce...IL est le directeur technique du Centre.

 

Le temps du ciel changeait sans cesse, passant d'un orage lointain à des nuages-champignons, du bleu azur aux rayures grises de pluie, plus le temps passait, moins il était certain que l'on puisse sauter....
Claude me fait enfiler une superbe combinaison jaune fluo, pour que l'on me repère de loin...Charmante attention..
Il me confie à Yves, qui ne me lâchera pas, depuis la salle où a lieu le briefing jusqu'à l'atterrissage...
Prévenant, attentionné, il me prend sous son aile protectrice de professionnel (13000 sauts à son actif, m'a-t-on dit...), il me prend par la main, me parle avec une telle douceur, vérifie et revérifie tout, mon harnais, la position symétrique des sangles, son « sac à dos » avec LA poignée rouge...


Et puis Juan, Juanito !, le pilote du Skyvan, 17000 sauts pour lui... en fait sûrement plus! C'est un grand champion de concours de figures en chute libre, comme  l'était son père..Il mesure presque 2 mètres ...
Ils sont tous des êtres d'exception!


C'est lui, Juan, qui, dans le ciel, en liaison avec Claude au sol et Yves dans l'avion, décide au vu des conditions météo en altitude, si nous sautons ou pas. Une sonnerie, genre "corne de brume" résonne dans l'avion, tout le monde se met debout et se prépare, ou bien ça sonne à nouveau, on se rassoit, on se réattache et on redescend ….
Et il y a Chris, le vidéaste qui ne me quitte pas des yeux avec sa caméra attachée sur son casque ! Un pro aussi dans sa spécialité, sauter, filmer, se rapprocher à 200 km/h de son sujet en pleine chute libre...un vrai oiseau!
INCREDIBLE !



Et Claude m'a fait un autre cadeau, ( on n'a pas tous les jours ...20 ans !!!)
Il m'a "offert" un photographe, en plus, XAVIER, trop sympa et souriant et tout et tout ! Un vrai danseur dans le ciel, lui aussi!



 Un vrai ballet se déroule autour de moi, dans cet espace dont je n'ai pas vraiment et totalement conscience !

 

Pourtant, il me semble me souvenir avoir vu Chris s'approcher de nous et me toucher le front du doigt...à 200 km/h...Quelle maîtrise de l'air, du déplacement,  dans le vide !

 Et Yves qui regarde souvent son altimètre...



Merci du fond du coeur ! Vous m'avez tous offert des moments inoubliables et tellement doux !
Et je n'ai qu'une envie : le refaire ce saut, en pleine conscience, cette fois !








Alors, comment cela s'est-il passé, dans le détail ???

Quelques chiffres d'abord...
.
Le SKYVAN largue son contenu, nous en l'occurence, à 4200m d'altitude...
La vitesse de la chute libre varie de 180 à 200 km/h...Et la durée de la chute libre est de 1 mn à 1mn10...


Quelques mots sur l'avion, le SKYVAN,

 De fabrication irlandaise, cet appareil STOL (Short take off and landing) était conçu à l’origine pour transporter du petit matériel militaire, des troupes aéroportées ainsi que du bétail. Doté d’un volume cargo important (20m3) et d’une large porte arrière, il devient de ce fait un appareil idéal pour le largage de parachutistes. Avec le Super Skyvan, la montée à 4200 m, grâce à deux turbines GARRETT de 725 HP chacune, avec 20 sautants, se fait en moins de 15minutes. Le Short SC7 Skyvan est un avion de transport construit en Grande Bretagne au début des années 1960 , il est encore utilisé en 2012 !


C'est Joël Cruciani, le gérant du lieu, là en train de tracter le Skyvan, qui s'occupe de tout ce qui roule et bouge sur le tarmac.


Mais d'abord, quelques formalités: le briefing, la répétition des positions, la façon de tenir son harnais, puis la position bras écartés...puis la signature des divers documents et de notre licence...


Allez, on y va ... du même pas...


Pas de place pour l'inquiétude, pas le temps de réfléchir, cela fait tellement longtemps que j'y pense... une confiance totale envahit les pensées.
Malgré eux, malgré moi, on a commencé par faire un aller-retour en avion pour rien...Enfin, pas pour tout le monde, j'étais ravie de cette balade au milieu des nuages-champignons énormes qui pointaient à 4000 m d'altitude, annulant le saut.
Le ciel s'assombrit, nous sommes tous un peu dépités...Retour à la case départ...

Le deuxième appel s'est arrêté avant que nous ne montions dans l'avion. On attend encore, tant et si bien, que Juan a immobilisé son avion avec des sangles pensant que c'était fini pour aujourd'hui...
Mais ce n'était pas l'avis de Claude qui nous fait repartir, malgré les protestations du pilote....
On repart, il est 18h30, le ciel est menaçant, arrivés à la bonne altitude, un appel du sol, la sonnerie, on ne saute pas, zut, déception, et puis SI, nouvelle sonnerie, ON SAUTE !!!!
Ça, c'est Claude qui, je crois bien, a insisté pour que je puisse le faire ce fameux saut, malgré quelques risques....



Encore MERCI ! Et même pas peur....
Nous sommes une douzaine dans l'avion, je ne sais plus très bien...
Le néant brumeux de mes pensées envahit mon cerveau déjà ailleurs, déconnecté...
Je vais me jeter dans le vide sans aucune inquiétude, c'est à  peine croyable !
Le vertige? On verra bien, impossible de reculer. Je me souviens seulement d'une certaine appréhension qui m'avait envahie, lors de mon premier saut au trapèze volant de seulement...40 mètres de haut!!!
Nous sommes les derniers à sauter, entourés de Chris et Xavier, mais je ne les ai pas vus partir...
Solidement arrimée à Yves qui se trouve donc derrière moi, il a une nouvelle fois, tout vérifié, revérifié, le harnais, la symétrie des sangles...
Mets tes lunettes, me dit-il...Tout est OK. Et me voilà au bord du vide, Yves se tient d'une main en haut de l'ouverture du hayon arrière de l'avion, tandis qu'il m'entoure de son autre bras et je l'entends juste me murmurer à l'oreille : « On va partir en salto avant » !
Heureusement qu'une partie de ma vie s'est déroulée dans le cirque... j'ai eu un centième de seconde pour comprendre de quoi il s'agissait !!!
Effectivement, on est parti en salto avant, le grand plongeon, un hurlement a jailli de ma poitrine, non pas de peur, mais d'une espèce de libération totale, incontrôlable, plus forte que tout !
 

 
 
 
 Jean-Claude, ami de longue date, nous nous sommes connus à Sokone (Sénégal) et à qui je racontais cette future aventure m'a, une fois de plus, donné un super conseil: "Surtout, ouvre les yeux!"
C'est un ancien militaire, lui aussi aguerri à de nombreuses aventures de l'extrême, l'Antartique, Djibouti entre autres. Peut-être avait-il sauté, lui aussi....  En tous cas, les yeux ouverts, une sensation de flottement dans un brouillard silencieux, froid et cotonneux nous a recouverts, faisant oublier cette réalité où nous glissions.
Pour Yves, oui sûrement une réalité bien physique reliée à son altimètre, mais pour moi, rien qu'un grand RIEN, un NEANT ou un VIDE ou un trop plein de rien....Impossible de se poser des questions....
Une minute... soixante secondes de chute libre à 200 km/h, c'est long et il doit s'en passer des choses....
Heureusement qu'il y a des photos et un film. J'ai commencé à réaliser où je me trouvais lorsque Yves a délicatement pris mes mains cramponnées à mon harnais pour me positionner en vol plané, comme on l'avait répété pendant le briefing au sol.

 

Cette fameuse position, connue de tous est très agréable! Yves au-dessus de moi, bras et jambes écartés, à aucun moment  la sensation de tomber, le sentiment de vitesse est venu perturber cette descente vertigineuse! Non, rien que du rien, mais très agréable tout de même !

 

Le moment le plus désagréable qui m'a remis les neurones en place fut, sans aucun doute, l'ouverture du parachute. Ouille, douleur....Là, ça réveille !!!
D'un seul coup, pendue dans le harnais, les sangles serrent le haut de mes cuisses et me coupent la circulation...
Vous verrez cela dans le film....
Nous sommes suspendus sous cette immense voile grise,  tout est calme, le temps s'arrête...Yves ne se presse pas pour redescendre, il me fait voir l'altimètre à plusieurs reprises, 750, 540, 350 m…. Nous sommes « trop légers » me glisse-t-il à l'oreille...mais non, c'est pour que j'aie le temps de bien voir Lapalisse, l'aérodrome, la « foule » qui m'attend :


Il me fait voir une cible en gravillons où nous allons atterrir...ah bon...
Et puis à côté de cet espace vide, il me fait remarquer un grand carré blanc....effectivement, oui, je vois bien un grand carré blanc dans l'herbe qui touche le cercle-cible en gravillons...Yves me demande si je peux lire ce qu'il y a écrit sur ce carré blanc, sans mes lunettes impossible ! Alors, il me lit :

 " JOYEUX ANNIV' MAMIE ". 

 Les émotions, la tendresse ont eu raison de ma résistance.....et je me suis un peu plus affaissée dans mon harnais !



Lorsque le mal aux jambes devient insupportable,  Yves me fait alors mettre debout sur ses pieds pour me soulager....Encore une délicate attention!


Après avoir « dirigé » la voile, pour de rire... il a voulu me faire faire un grand tourbillon, comme dans les manèges...Horreur, mal au coeur...aïe, aïe,aïe...c'était la chose à ne pas faire, il ne pouvait pas savoir.  Le coeur et le corps en coton, vais-je réussir à prendre la position pour l'atterrissage, mains sous les genoux, jambes repliées? Mais que c'est lourd tout ça ....



 Et à l'arrivée, eh bien, impossible de me mettre debout pendant quelques minutes, le temps de reprendre du souffle, mes esprits et quelques forces....
 

Pauvre Yves...Ouh là là, ... Il n'a pas pu nous décrocher tout de suite...


Après quelques minutes, ayant repris une allure humaine, ce fut la "séquence émotion", deux de mes petits enfants accompagnés de deux adultes, sont arrivés vers moi, portant la fameuse banderole peinte....Quelle surprise, quel bonheur!


  Domi, l'air inquiet, me soutient, Yves regarde ce qui se passe...Mais ça va aller...

Ouf,  tout le monde a le sourire , Yves se dégage de sa voile, Domi s'est détendu et Marine tombe dans mes bras ...




La photo de famille... mais où sont donc passées Do, Joh et Joséphine? ....


 Mais qu'est-ce que peut bien dire Laurent????????????


Et là, de quoi s'agit-il? Qu'est-il donc arrivé?
Il faudra un peu du temps pour réaliser et retomber...sur terre!
Tiens, j'ai encore les lunettes autour du cou...


Mission réussie! Bravo et merci à mon grand ami Claude !




Un grand merci aussi à YVES, CHRIS et XAVIER,
et à tous ceux qui de près ou dans l'ombre ont participé à la réussite de ce saut-anniversaire, à la réalisation de mon rêve d'enfant!



http://www.lapalisse-aero.com/france/decouverte.html


La prochaine publication aura pour thème la fête qui suivit cet évènement (en octobre)!