jeudi 26 décembre 2013

LA DERNIERE COLONIE DE PHOQUES MOINES




Séjournant à Nouadhibou, chez notre ami Lemjed et sa femme Minetou, une excursion au Cap Blanc nous comble de joie !


les fameuses falaises



au  pied du phare datant de la colonisation



Swan en plein travail !



L'un qui s'en va, l'autre échoué depuis plusieurs années, avec à son bord...le gardien !



Pensif devant cette immensité ...


Cet espace naturel a été inscrit en 1989 au Patrimoine mondial de l'UNESCO.




La péninsule fait partie d'un des lieux les plus importants au monde : l'Atlantique oriental.
Ces eaux renferment plus de 300 espèces de poissons et une grande variété d'animaux dont l'un des dix mammifères les plus menacés de la planète : le phoque moine, Monachus monachus.




Certaines des grottes situées au pied des falaises du Cap Blanc ont servi de refuge à sa colonie d'élevage qui s'y trouvait en sécurité.
Avec le développement du port et de la pêche, la colonie a migré plus au nord, dans une partie protégée interdite au grand public, aux touristes et aux appareils photos !

En 2007, la population mondiale de cette espèce atteignait à peine 500 individus.
Dans la colonie actuelle, elle est estimée à plus d'une centaine.





L'histoire de " AMRIGUE "

Depuis 1998, j'ai eu plusieurs fois l'occasion d'arpenter les falaises du Cap Blanc.
En juin 2012, la chance était avec moi ! Une vingtaine de phoques moines remontait le courant,  par deux, face au vent, en direction du nord ! Événement suffisamment rare pour que le gardien de la Réserve se précipite au bord de la falaise pour vérifier mes constatations !
Cette année, avec Swan, nous avons eu le bonheur de voir " Amrigue ", évoluer à nos pieds :



vous pouvez agrandir la photo pour le mieux voir !


Actuellement, seul ce vieux mâle rescapé habite cet endroit du Cap Blanc, la colonie ayant émigré plus au nord, loin de la présence humaine, du bruit du port et des pêcheurs.
Il s'agit d'un grand mâle adulte, nommé " AMRIGUE " (cela signifie pêcheur en hassaniya), qui a été sauvé en 1997 quand il était bébé, après la mort de sa mère. Une fois alimenté et soigné dans l'aquarium de l'IMROP à Cansado, il a été libéré en mer, pourvu d'un émetteur-satellite et des marques sur les nageoires de la queue afin de suivre ses mouvements.
Les scientifiques ont ainsi su qu'il avait passé les premiers mois de sa vie libre à s'alimenter et se reposer dans le Parc National du Banc d'Arguin, puis qu'il était revenu s'installer dans la baie. Il y est resté, seul, on ne sait pourquoi !!!




LE SITE de " LAS CUEVECILLAS "

La Réserve de la Côte des Phoques fut visité pour la première fois en 1923 par le célèbre naturaliste français Théodore Monod, sans qu'il parvienne pourtant à localiser la colonie.
C'est en 1945 que le naturaliste Eugénie Morales Agacino la découvre, la photographie et la fait connaître au monde scientifique.
Quelques années plus tard, Jacques Cousteau effectue le premier documentaire sur les phoques moines, les faisant ainsi découvrir au monde entier.

Grâce aux relations de Lemjed, nous avons eu la grande chance de découvrir ce site complètement protégé : Las Cuevecillas.
Ces grottes sont un lieu privilégié, interdit au public, où les observations quotidiennes permettent d'étudier, comptabiliser et soigner ces derniers grands mammifères.
Là aussi la chance était avec nous : nous avons pu admirer deux jeunes phoques se laissant porter par les vagues, juste devant l'une des grottes, devant nous !




Le profil des falaises est très changeant. La force érosive de la mer, responsable de la formation des grottes provoque fréquemment des éboulements qui ont obligé les phoques à déménager au moins à sept reprises depuis que la colonie a été découverte.

Les explications nous sont données par trois gardes et experts, chargés de la surveillance de la colonie.
Celle-ci s'effectue, entre autres, grâce à des caméras télécommandées installées à l'entrée des grottes et reliées à des ordinateurs où tout est analysé, répertorié, noté, chaque phoque étant identifié grâce à des cicatrices sur le pelage, signe de reconnaissance, telles nos empreintes digitales.




L'une des grottes n'étant pas équipée de caméra, l'un des gardes doit descendre en rappel, du haut de la falaise de 15 mètres afin d'effectuer le comptage hebdomadaire.




Après plusieurs jours de pêche en haute mer, les phoques moines retournent en général à terre pour se reposer et se rétablir. Ils sortent également à terre lorsqu'ils muent car ils doivent conserver leur pelage au sec pendant la période de mue qui peut durer un mois.

Ces grottes, havre de paix, comportent pourtant des pièges pour les bébé-phoques. Ceux-ci naissent avec un pelage fin de couleur noire, inadapté à l'immersion prolongée. C'est la raison pour laquelle les nouveaux-nés doivent rester à terre la plus grande partie du temps jusqu'à ce qu'ils muent pour un nouveau pelage, court et gris clair, adapté à l'eau, ce qui survient à peu près vers deux mois.
La forte houle ou les grandes marées peuvent mouiller le pelage des bébés phoques leur faisant ainsi perdre leur chaleur. Il est fréquent aussi qu'ils soient entraînés hors des cavernes et séparés de leurs mères.
Ils meurent alors par hypothermie, d'inanition ou d'épuisement.

LA MORT SILENCIEUSE

Tous les mammifères marins et particulièrement les phoques, sont attirés par les filets de pêche immergés en raison de la facilité avec laquelle ils peuvent y attraper poissons et crustacés capturés.
Les phoques peuvent à leur tour, être pris ou s'emmêler et finissent par se noyer.
De temps en temps, heureusement de moins en moins, grâce à la protection de la Réserve, apparaît sur la plage le cadavre d'un phoque moine ou d'un marsouin.
Cette rencontre nous rappelle qu'ils sont réellement fragiles et vulnérables.




La surveillance permanente par les gardiens de la Fondation CBD-Habitat, permet de contrôler et de connaître la situation et l'évolution de la colonie de phoques. De plus, les gardiens disposent d'un système d'alerte en cas d'apparition d'un événement quelconque ou d'une catastrophe qui pourraient affecter les phoques de façon négative.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces magnifiques phoques moines et sur la côte de la Réserve Satellite du Cap Blanc.
C'est aussi un excellent lieu de repos pour les oiseaux migrateurs qui partagent leur temps entre l'Afrique et l'Europe.
On peut y admirer des bandes de limicoles, spatules, sternes, balbuzards pêcheur, vautours ou flamands roses et bien d'autres encore….
Quant à nous, les balbuzards, grands cormorans, traquets noirs et autres oiseaux de mer étaient au rendez-vous !

Expédition réussie !






d'après la documentation de la Fondation CBD-Habitat.



Fundación para la Conservación de la Biodiversidad y su Hábitat (Fundación CBD-hábitat) Fundación para la Conservación de la Biodiversidad y su Hábitat (Fundación CBD-hábitat) Instituto de la Biodiversidad de Areas Protegidas (IBAP) Instituto de la Biodiversidad de Areas Protegidas (IBAP)Parque Nacional de Orango Parque Nacional de Orango

Union International pour la Conservation de la Nature (UICN) Union International pour la Conservation de la Nature (UICN)Programme Régional de Conservation de la Zone Côtière et Marine en Afrique de l´ouest (PRCM) Programme Régional de Conservation de la Zone Côtière et Marine en Afrique de l´ouest (PRCM)




Et en conclusion, ce joli premier croquis de Swan :






2 commentaires:

  1. Excellente initiative que ces mesures de protection... si seulement cela pouvait être fait aussi pour les nombreuses autres espèces en voie de disparition. Bravo Swan, le croquis c'est une bonne école :) Bisoux !

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